Un autre strip sur le Pantanal en bonus:
Mais au fait, c'est quoi les tropiques?

On découvre une population entière accro au terere, un mate froid, et surtout un bon prétexte à sociabiliser à l'ombre d'un arbre ou à moto. Bref, un paraguayen n'est jamais très loin d'un thermos.
C'est la tête pleine de fantastiques souvenirs de la Colombie qu'on décide de se lancer à la découverte de l´Amazonie brésilienne. Un saut d'avion survolant une région peu recommandable nous dépose au port de Leticia, à la frontière colombo-peruvo-brésilienne. De là, on embarque pour 4 jours et 3 nuits jusqu'à Manaus, au cœur de l´Amazonie. Le bateau est construit sur 3 étages et peut contenir jusqu'à 250 passagers. Dans cette région où il existe peu de routes praticables, les fleuves font office de route et les bateaux de bus.
Munis de nos hamacs tout neuf, on prend soin d´arriver dans les premiers afin de s'installer loin du vacarme du moteur. A chaque arrêt, la concentration de hamacs et de sacs se fait plus dense. Leur enchevêtrement fini par dessiner une gigantesque toile où les corps s´entremêlent. On comprend rapidement les astuces pour conserver un minimum d'espace vital et éviter de se retrouver avec un voisin un peu trop envahissant (placer son hamac en hauteur, s'étirer de tout son long).
Au début, on a quelques craintes pour nos affaires, surtout la nuit pendant les nombreuses escales. D'autant plus que le contenu de nos sacs a été minutieusement étalé aux yeux de tous par un contrôle de police la 1ère nuit (n'oublions pas qu'on vient de Colombie...).
Les eaux boueuses du fleuve, s'écoulant calmement le long d'une jungle épaisse et mystérieuse, sont parfois pimentées de dauphins ou d'un bateau en sens inverse. On fini par s'habituer à la monotonie du paysage, au ronronnement incessant du moteur, au cd de musique forro passé inlassablement en boucle dans des baffles grésillantes, aux canettes de bière jetées par dessus bord.
Après avoir navigué plusieurs jours sur ce fleuve démesurément grand délimité par des berges quasi vierges, la découverte de l'énorme ville industrielle qu'est Manaus n'en est que plus surprenante. Le plus saugrenu étant son superbe théatre. Une fois de plus, on constate un grand déséquilibre entre ce quartier opulent et les rues insalubres du port et du marché où des familles entières squattent les épaves de bateaux échoués.
A l'approche du port de Manaus, un phénomène étrange se produit: la rencontre de 2 fleuves, l'un couleur café noir et l'autre café au lait, dont la frontière mouvante met plusieurs kms à se dissiper. On se baigne d'ailleurs dans les eaux noires du rio Negro; son immensité et la plage de sable brulant donnant l'illusion de bord de mer.
Bogota est un quadrillage de rues plus ou moins régulier construit sur
une zone marécageuse qui s'étend à perte de vue. La vieille ville
coloniale, devenue centre-ville, n'a rien de central. Elle est calée au
pied des montagnes de Montserrate et Guadalupe à l'extremité est de la
ville. Malgré un système de restriction de circulation, pico y placa,
les rues restent saturées de vehicules et de pollution. Il y a bien un
projet de métro, mais pas pour tout de suite. En attendant, le ciclo
ruta des dimanches, où la circulation est coupée sur certains axes,
n'en est que plus appréciable. Les 2600m d'altitude assurent des
températures assez fraîches toute l'année. Il n'y a pas vraiment de
saison: quand il pleut, c'est l'hiver; quand il fait beau, c'est l'été.
Nous avons eu la chance d'être immergé au sein de la vie d'une famille bogotane, chez Lilian, la grand-mère de Karool. On ne s'attendait pas à un accueil si chaleureux, sans reserve. Ils nous ont ouverts leur porte, nous ont adoptés en toute simplicité et ont même rivalisé d'attention à notre égard. Nous ayant rebaptisé Señora Cristal y Don Umberto, l'énergique Lilian nous a concocté toute sorte de plats typiques plus savoureux les uns que les autres, accompagnés de délicieux jus de fruits aux saveurs inconnus: lulo, feijoa, guanabana...
Alejandro, qu'on avait rencontré à la Guajira, se chargera de nous faire découvrir les bouillonnantes nuits bogotanes. C'est comme ça qu'un soir dans un bar, on se retrouve à discuter cinéma avec Quique, l'acteur de La sangre y la lluvia, un film noir qu'on avait vu la veille où il interprète un chauffeur de taxi. C'est d'ailleurs lui qui nous reconduira chez Alejandro après avoir erré dans les rues de Bogota à la recherche d'une fête qu'on ne trouvera jamais.
Contrairement à la grande majorité des exploitants de café de la région, ils utilisent des techniques ancestrales qui ne nécessitent aucun apport chimique. Comme ils nous l'expliquent, le café est un arbuste des sous-bois, naturellement protegé et nourri par la vegetation environnante. En voulant en faire une monoculture intensive, il devient vulnérable, ce qui oblige à utiliser des pesticides et autres apports chimiques. Ainsi, leurs voisins défrichent et arrachent les arbres, alors qu'ils essaient de reforester leur terrain. Ils ont fait le choix d'une production réduite mais de qualité et respectueuse de l'environnement et font d'ailleurs parti du reseau Terra Madre, une organisation prônant le "slow food". 
On délaisse la chaleur intense de la cote caraïbe pour les températures printanières de Medellin, en passant par une nuit blanche dans un bus glacial. Medellin parait beaucoup plus riche que Bogota (notamment grâce à Pablo Escobar) et a comme un air de ville européenne, mais n'est pas assez calme pour nous.
Direction un petit village qu'on nous recommande chaudement au doux nom évocateur de Jardin. A notre arrivée, c'est l'effervescence pour les préparatifs d'une cabalgata, grande réunion de cavaliers de la région. On finit par trouver à se loger dans une belle villa, chez la soeur de Gustavo qu'on a croisé dans la rue et qui sera notre guide.
Le jour dit, la place de l'église est déjà animée bien avant l'arrivée des 500 cavaliers. Une cabalgata, ca commence comme un concours d'élegance - les cavaliers portant sombrero et poncho règlementaires se pavanent, et ca termine rapidement en beuverie au rythme des arrêts de bar en bar: une sorte de pub-crawling à cheval. Dans certains bars, ils y sont même acceptés. Impossible d'échapper à la tradition: on se retrouve à trotter avec sombrero autour de la place à coup de tournée d'aguardiente et de rhum. La soirée dure jusqu'à épuisement du cavalier ou de l'animal - 2 chevaux sont morts de fatigue cette nuit-là.
Les quelques infos que l'on récolte sur la Guajira, péninsule semi-désertique à l'extrême nord de l'Amérique du sud, suffisent à éveiller notre curiosité. Bien qu'on nous ait prévenu des difficultés, on decide d'y aller par les transports locaux et on ne va pas être déçu !
Le lendemain, nous repartons accompagnés d'Anne et Alejandro a Uribia, bien décider à ne pas rater la "camioneta" pour Cabo de la Vela. 
On loge chez une passagère de la camioneta qu'Alejandro voudrait interviewer: une petite bicoque les pieds dans l'eau à ciel ouvert où elle nous accroche des chinchorros (hamacs) à côté des leurs et nous cuisine matin, midi et soir des poissons fraichement pêchés.