


Puis au fil des jours, la confiance et la routine s'installent. On fait peu à peu connaissance avec nos voisins de hamacs: d'abord les touristes hispanophones - Xavi, Marco, Talia, les 2 Juan, Julio et Cecilia, puis les locaux. Les journées défilent au rythme des repas et des siestes, entre lesquels on prend le temps de mater, lézarder, bouquiner, jouer aux dominos ou aux cartes.
Les eaux boueuses du fleuve, s'écoulant calmement le long d'une jungle épaisse et mystérieuse, sont parfois pimentées de dauphins ou d'un bateau en sens inverse. On fini par s'habituer à la monotonie du paysage, au ronronnement incessant du moteur, au cd de musique forro passé inlassablement en boucle dans des baffles grésillantes, aux canettes de bière jetées par dessus bord.

Certaines escales sont l'occasion de se dégourdir les jambes, d'acheter des fruits (encore des saveurs nouvelles). Et quand le bateau reprend sa marche, une brise légère soulage de la chaleur moite et des moustiques.



Puis on repart pour 5 jours de navigation direction Porto Velho, proche de la frontière bolivienne, accompagnés des chiliens rencontrés pendant la "croisière" précédente. Le bateau, plus petit et plus rustique, longe les rives à contre-courant du rio Madiera. On réalise que le 1er bateau était presque luxueux en comparaison, mais on n'est pas au bout de nos peines: on doit changer d'embarcation à mi chemin pour une autre encore plus étroite et usée. Bertrand se cogne constamment la tête et nettoie les toiles d'araignée du plafond. Le voyage commence à se faire long et ennuyeux. Bref, on a atteint nos limites d'adaptabilité; il est temps qu'on arrive. Mais ces 2000 km parcourus au cœur de l'Amazonie resteront une expérience inoubliable!
Les photos / le diapo de l'Amazonie.
